Un oiseau disparu ? Merci Gauguin

Oiseau Gauguin

Un oiseau disparu retrouvé grâce à un tableau de Gauguin

Anecdote très peu connue sur Gauguin et nous montre bien que les artistes laissent une trace dans l’histoire et sur ses découvertes. 

Grâce à un tableau de Paul Gauguin « Le Sorcier d’Hiva-Oa », peint dans les îles Marquises en 1902, des scientifiques ont résolu une énigme cryptozoologique (l’étude des animaux éteints).

Peinture  » Le Sorcier d’Hiva-Oa  » 1902 Huile sur toile Hauteur : 92 cm ; Largeur : 73 cm

Près de 100 ans après la mort du peintre, un chercheur Michel Raynal, https://cryptozoo.pagesperso-orange.fr/actualit/2002/gauguin.htm, a en effet eu l’idée d’explorer la peinture de l’artiste voyageur. Il a essayé de vérifier quand avait pu s’éteindre un mystérieux oiseau sans aile, étroitement apparenté au takahe de la Nouvelle-Zélande (Porphyrio mantelli). Sur ce tableau, il découvre le volatile en question, prouvant ainsi qu’il existait toujours au début du XXe siècle. 

Oiseau Gauguin

Détail sur l’oiseau disparu du tableau  » Le Sorcier d’Hiva-Oa  » Paul Gauguin – 1903

Tableau collage tissus

L’histoire de cet oiseau disparu et retrouvé sur une toile de Gauguin m’a interpellée. Dès lors, j’ai voulu lui rendre hommage en le dessinant à mon tour sur l’un de mes tableaux.

 

Luke :  Tissus et acrylique sur toile 100 x 50 cm – Techniques mixtes

Cette phrase que Gauguin a dite correspond bien à cette approche de l’art : « L’artiste ne doit pas copier la nature mais prendre les éléments de la nature et créer un nouvel élément. »

J’en profite pour faire un résumé de la vie de Gauguin et vous présenter ces principales oeuvres. Même si la façon d’être de l’artiste n’en reste pas moins discutable, je pense que nous ne pouvons pas nier que ces toiles resterons des chef-d’oeuvres de notre patrimoine culturel.

Gauguin : sa vie et ses œuvres clés (biographie)

Paul Gauguin  (1848–1903)   

Artiste phare du postimpressionnisme, Paul Gauguin (1848–1903) fut l’objet d’un véritable culte, notamment pour les Nabis qui ont vu en lui un nouveau messie de l’art moderne. Gauguin fut une personnalité hors norme, artiste et voyageur. Sa vie, marquée par son amitié avec Van Gogh, ses voyages en Polynésie à la recherche de l’authenticité, est digne d’un véritable roman. Son œuvre est le reflet de ce tempérament sans concession. Né de l’impressionnisme, Gauguin a développé une œuvre personnelle tendant au synthétisme formel, et dont le mysticisme est toujours présent.

 

Sa vie

Rien ne prédestinait Paul Gauguin à devenir peintre. Né à Paris en 1848, il est le fils d’un journaliste et de la fille de Flora Tristan, célèbre femme de lettres. Après quelques années d’enfance passées à Lima (où sa famille avait fui l’impérialisme de Napoléon III), le jeune garçon revient en France à l’âge de 7 ans. Engagé dans la marine marchande à l’âge de 17 ans, il voyage. Ensuite, il abandonne cette première carrière pour devenir agent de change à la Bourse de Paris. Le métier est lucratif. Paul Gauguin se passionne pour la peinture après sa découverte de l’impressionnisme en 1874, année de la première exposition du groupe. Il devient collectionneur.

Bien qu’il soit père de cinq enfants, conçus avec sa femme Mette (d’origine danoise), Gauguin abandonne tout pour se lancer dans la carrière d’artiste. Il expose d’ailleurs avec les impressionnistes dès 1879. Camille Pissarro fut son plus proche conseiller, l’ami qui lui délivra ses premiers conseils d’artiste. Ils demeurent proches jusqu’en 1883. Gauguin, en quête d’authenticité, décide de fuir Paris pour la Bretagne, une région réputée préservée de la modernisation.

À partir de 1886, Gauguin entame sa seconde vie de voyageur. Il réalise deux séjours en Bretagne, en 1886 – où il rencontre Émile Bernard avec lequel il donne naissance au cloisonnisme. C’est une technique picturale inspirée de l’art des vitraux–, puis en 1888. Là, il devient le chef de file de l’école de Pont-Aven (composée notamment des futurs nabis qui voient en Gauguin un véritable messie). Prenant la posture d’un maître, l’artiste préconise de tendre vers l’abstraction – pas au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Il s’agit, selon lui, de parvenir à abstraire de la nature des éléments formels pour donner lieu à de nouvelles créations. Sa méthode est dénommée synthétisme. Pour Gauguin, le peintre doit tendre vers l’essentiel et privilégier les aplats de couleurs. L’art japonais, notamment, le fascine.

Après une première rencontre en 1886, Gauguin rejoint Van Gogh deux ans plus tard à Arles, où ils peignent ensemble. Les deux hommes sont très proches, mais leurs tempéraments s’affrontent et la cohabitation tourne mal. Après le départ de Gauguin, Van Gogh se tranche l’oreille.

Gauguin cherche à fuir la société occidentale où il se sent un renégat, un incompris. En 1891, il décide de partir en Polynésie, une terre lointaine et exotique. Il s’installe à Tahiti et voyage dans les îles Marquises. Sous l’influence de la culture locale, son œuvre gagne encore en intensité, notamment au niveau des couleurs. Bien souvent, la réalité semble se mêler au rêve. Il sculpte également et se construit sa propre maison dans l’une des îles (Hiva Oa), dite « la maison du jouir », qui résume bien l’état d’esprit de l’artiste. Gauguin a des difficultés à se faire admettre par les autochtones en raison de son mode de vie jugé dépravé (notamment avec de très jeunes filles). Ce qui ne l’empêche d’avoir un nouvel enfant avec une Vahiné, une de ces femmes que Gauguin peint dans des scènes arcadiennes (Arcadien : lieu paisible et propice à la méditation).

Miné par des problèmes d’argent, et malade, Paul Gauguin décède aux Marquises en 1903. Il y est enterré, non loin de la tombe de Jacques Brel.

Vision après le sermon, 1888

Ses œuvres clés

 

Peinte durant sa période bretonne, cette toile mélange deux niveaux de réalité. Gauguin représente un thème biblique, le combat de Jacob avec l’ange, observé par une cohorte de Bretonnes en habits traditionnels. Un tronc d’arbre, posté au centre de la toile, départage les deux scènes. Gauguin met en image le sermon que les jeunes femmes viennent d’écouter à l’église, il donne à voir l’invisible, traite la parabole par l’image, unit le sacré au profane. Plus prosaïquement, on peut également en déduire que les croyances religieuses ont pour fondement l’imagination humaine. Cette œuvre est typique du synthétisme de Gauguin, qui prônait l’observation de la nature pour mieux s’en écarter. Aussi, les couleurs sont-elles exacerbées au point de sembler irréelles et les formes sont simplifiées pour atteindre un plus haut degré d’expressivité.

Autoportrait de l’artiste au Christ jaune, 1890–1891

Paul Gauguin, qui s’apprête à quitter la France pour rejoindre Tahiti, se représente devant deux œuvres de sa main, réalisées l’année précédente. D’une part, Le Christ jaune, qui reprend ses propres traits. Gauguin, lui aussi, se perçoit comme un messager incompris. De l’autre côté, il représente un pot de terre au faciès de grotesque qu’il a sculpté et qui s’apparente également à une forme d’autoportrait, plus sauvage. Il se représente donc ici triplement, incarnant les différentes facettes de sa personnalité et de son état d’esprit, mais aussi sa double vocation de peintre et de sculpteur. Considérée comme l’un des manifestes de l’artiste, cette œuvre fut finalisée à un moment charnière de sa vie.

Arearea, dit aussi Joyeusetés, 1892

Gauguin considérait cette œuvre comme l’une de ses plus grandes réussites. On voit à quel point l’artiste était influencé par les contes et légendes de la culture polynésienne. La fiction semble se mêler à la réalité. Deux Vahinés sont assises au second plan, occupées à jouer quelque musique sacrée. L’une d’elle regarde en direction du peintre, l’œil plein de sensualité. Tout à fait à l’arrière-plan, d’autres femmes rendent un culte à une statue. Le premier plan, quant à lui, est occupé par un grand chien rouge. Le climat est typiquement arcadien, il plonge le spectateur dans un temps primitif et idéalisé.

D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, 1897–1898

Cette œuvre monumentale est souvent présentée comme le testament de l’artiste. Il l’a peinte dans une période marquée par ses idées suicidaires. Elle procède d’une interrogation métaphysique sur le sens de la destinée. Gauguin y représente, sous forme de frise, son environnement depuis 1891. Mais la vision est symboliste, arcadienne et idéaliste car elle met en scène une société tahitienne ancestrale, peuplée de femmes et de rites. Gauguin prend soin de représenter les différents âges de la vie au sein de la nature, symbole de perpétuel renouvellement.

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur Gauguin :
ses muses (Tehura, Pau’ura, Marie-Rose Vaeoho, Vaitauni…), son voyage à Tahiti, La Maison du Jouir des îles Marquises ou connaître des détails sur sa fille Aline :

https://plume-dhistoire.fr/les-polynesiennes-de-gauguin-muses-erotiques/

http://www.impressionniste.net/gauguin.htm

Après Polanski, faut-il boycotter Gauguin ?

« Pédophile », « Occidental privilégié »… Les musées anglo-saxons se demandent s’il faut continuer à exposer les œuvres du peintre français. Par Marc Fourny

Modifié le 29/11/2019 à 10:30 – Publié le 26/11/2019 à 11:31 | Le Point.fr

 

Paul Gauguin, peintre de génie mais artiste pédophile… Voilà en résumé ce que les musées pourraient systématiquement écrire demain sous les toiles du maître pour prévenir les visiteurs et éviter toute critique. Le peintre français, mort il y a plus de 115 ans, est au centre d’une nouvelle polémique. À tel point que le New York Times se demande « s’il faut encore exposer Gauguin ». À Londres, la National Gallery lui consacre une exposition de portraits accompagnée d’une mise en garde à destination du public : « L’artiste a eu de façon répétée des relations sexuelles avec de très jeunes filles, épousant deux d’entre elles et engendrant des enfants. Gauguin a de façon indubitable profité de sa position d’Occidental privilégié pour s’accorder une grande liberté sexuelle. »

Le message fait référence aux douze dernières années de la vie du peintre, à la fin du XIXe siècle, quand ce dernier part pour Tahiti puis les Marquises pour fuir la civilisation occidentale et retrouver une nouvelle inspiration. Paul Gauguin s’installe alors parmi la population locale et se met en ménage avec plusieurs vahinés, une de 13 ans puis une autre âgée de 14 ans, alors qu’il en a lui-même plus de 40. Il peindra là-bas ses toiles les plus connues, vivant d’expédients parmi les locaux, rongé par la misère, l’alcoolisme et la syphilis, qui finira par l’emporter en 1903…

 

« Tout doit être reconsidéré »

« Pour les musées internationaux, Gauguin assure toujours un succès au box-office, assure le New York Times. Pourtant, à une époque où le public est de plus en plus sensible aux questions de genre, de race et de colonialisme, les musées doivent réévaluer son héritage », estime le quotidien américain. Un avis partagé par Christopher Riopelle, le cocommissaire de l’exposition de la National Gallery : « Il ne suffit plus de dire : Bah, c’était l’époque qui voulait ça, explique-t-il au Times. Aujourd’hui, tout doit être reconsidéré dans un contexte beaucoup plus nuancé… »

Lire aussi Affaire Polanski : l’impossible promotion de « J’accuse »

Faut-il brûler Gauguin en raison d’une vie dissolue et condamnable ? Cela revient à poser l’éternelle question autour de l’œuvre de l’auteur et sa vie privée : peut-on dissocier l’une de l’autre ? Un débat que connaît la France aujourd’hui avec le cinéaste Roman Polanski, dont le dernier film, J’accuse, fait l’objet d’appels au boycott. Concernant Gauguin, un professionnel de l’art tente une approche plus mesurée : « Je peux totalement abhorrer ou détester la personne, mais l’œuvre reste l’œuvre », explique au Times Vicente Todolí, qui fut directeur du Tate Modern et mit en scène une grande exposition sur le peintre en 2010. « Une fois qu’un artiste crée quelque chose, cela n’appartient plus à l’artiste, mais au monde. »

 

« Érotisme colonial »

Il y a 2 ans, Gauguin avait déjà créé la polémique, preuve que son nom suscite désormais un malaise… À l’occasion de la sortie d’un biopic sur sa vie, Gauguin – Voyage de Tahiti, où l’artiste était joué par Vincent Cassel, certains avaient regretté que des aspects de la vie privée du peintre soient occultés, notamment l’âge de ses compagnes ou partenaires d’un soir. Volontairement provocateur, le journal Jeune Afrique avait publié un article pamphlétaire intitulé « La pédophilie est moins grave sous les tropiques », dénonçant le silence du cinéaste sur cette question et sur les abus de l’homme blanc, quel qu’il soit, sur les populations locales… « Qu’on tente une minute d’imaginer un film célébrant la romance d’un quadragénaire atteint d’une maladie sexuelle avec une petite fille de 13 ans en Bretagne », dénonçait cette tribune.

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L’historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu, autrice d’une Histoire de la pédophilie du XIX au XXIe siècle (Fayard), explique qu’il faut se méfier de notre regard actuel sur des faits remontant à plus de 100 ans en arrière. « Si on commence à relire tous les comportements des individus d’hier avec les valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui, on a une lecture anachronique du passé, explique-t-elle au Point. En cette fin du XIXe siècle, la loi punit tout attentat à la pudeur sans violence en dessous de 13 ans, âge limite qui sera porté à 15 ans en 1945. Ce qui veut dire qu’une fille de 13 ans n’est plus considérée à l’époque comme une enfant et que Gauguin n’est pas condamnable en soi. Même si on peut lui reprocher la moralité de son comportement, d’être partie prenante d’un érotisme colonial et d’avoir profité de son statut de Blanc… Mais le traiter de pédophile, une notion qui n’est pas utilisée à l’époque et qui définit un profil psychiatrique type, est complètement absurde. » Aux conservateurs des musées de faire leur travail jusqu’au bout…

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